Aux sorties des gorges de l’Hérault, abritée par les collines avoisinantes, Aniane, située dans une plaine verdoyante, entourée d’un mosaïque de vignes, de jardins et d’oliviers, offre au visiteur la découverte d’un patrimoine bâti exceptionnel.
Des caves vinicoles de grand renom, de nombreuses activités culturelles et artistiques confirment la dynamique
L’église St Jean-Baptiste appelée chapelle des Pénitents Blancs :
Elle abrita après la Révolution et jusqu’au milieu du XXe, une confrérie de Pénitents Blancs.
C’est l’ancienne église paroissiale dont l’emplacement fut choisi par st Benoît lui même, à titre d’église recevant les sépultures des moines.
Cette église porte la marque de plusieurs époques, une partie préromane et romane côté sud et ouest, des fenêtres gothiques et une porte d’époque Louis XVI classée Monument Historique.
A l’intérieur, voûtes du XIIIe restaurées au XVIe après les destructions de 1562 (Guerres de religion). La voûte du chœur inclue une rosace dans une clé annulaire donnant naissance à une nervure complexe.
Trois autres clés de voûte portent les noms des consuls (daté de 1600), un emblème des compagnons charpentiers, le blason de l’abbé commendataire d’Espondeilhan.
Les halles :
Ancien marché couvert datant du XIXe construit sur l’emplacement de l’ancien cimetière communal. Attenant aux halles, le lavoir construit en 1934.
Sept visages :
Se trouvent intercalés entre les fenêtres de la façade. La tradition locale y voit les sept péchés capitaux.
L’hôtel de ville :
Ancien marché couvert, construit en 1780. Les guirlandes enrubannées et les cannelures des consoles qui supportent le balcon sont caractéristiques de l’ornementation de la fin du XVIIIe siècle.
Les voûtes de l’ancien marché aux moines et la fontaine monumentale fin XVIIIe
Sur la place de l’église datant des travaux d’adduction d’eau du village (1783).
La statue de la fontaine fut offerte en 1886 par le concessionnaire de l’usine à gaz. Celle-ci, quelque peu dénudée, tourne le dos à l’église.
L’église St Sauveur :
Il ne reste rien du monastère médiéval dévasté au XVIe. L’église actuelle fut construite par les moines Bénédictins de la Congrégation de St Maur. Son autel a été consacré en 1683 par l’abbé le Cardinal de Bonzi.
Elle est baroque. Les deux volutes (cornes de bouc) qui encadrent la façade évoquent l’église de Jésus à Rome. Elle est rythmée par huit colonnes superposées et jumelées qui soutiennent un fronton ayant en son centre un Christ en majesté.
Entre les colonnes géminées, on aperçoit les statues des apôtres Pierre et Paul, saints patrons du diocèse de Maguelone puis de Montpellier.
L’intérieur de l’église présente une grande unité de style, l’autel de la vierge fut construit au XIXe siècle. Allure imposante de la succession d’arcades supportant une corniche ornée d’une frise de style corinthien.
Sur la première clé de voûte prés du chœur, on voit l’emblème de la congrégation de Saint Maur. Buffet de l’orgue du XVIIIe siècle. Décoration d’angelots portant sur des thèmes bibliques.
Les remparts d’Aniane
Comprenaient trois portes fortifiées, il ne reste que les vestiges de la rue Porte Montpellier, de chaque coté.
L’ancien monastère :
Au bout de la rue Porte de Montpellier se trouve l’entrée du site de l’ancienne Abbaye.
La Révolution de 1789 mit un point final à plus d’un millénaire de vie monastique : vendu comme bien national, il fut transformé en manufacture, puis de 1845 à 1994 en maison centrale de détention relevant du Ministère de la Justice.
De l’extérieur, on aperçoit la cour d’honneur dont le bâtiment principal est du XVIIIe et les ailes rajoutées par l’Administration Pénitentiaire un siècle plus tard. L’ancienne chapelle située dans l’aile nord est actuellement le “Théâtre du Milieu du Ciel”.
Canal de Gignac :
Construit fin XIXe, il irrigue la plaine de l’Hérault depuis une prise en amont de St-Guilhem jusqu’à Tressan. Il traverse la petite rivière (le Corbiére) par un aqueduc construit en 1889, long de 294 m.
Le quartier des tanneurs :
Ce quartier, qui borde de part et d’autre le Corbière, abritait les ateliers de transformation et de préparation des peaux.
Dans la première moitié du XIXe siècle, à la belle époque des tanneries, les constructions nouvelles sont nombreuses.
Cette expansion, justifiée par le développement du métier, cessa presque totalement en 1872 suite à la mise au point du tannage l’alun de chrome.
La chapelle de Regagnas :
Datant du XVIIIe siècle, l’édifice a été récemment restauré. Il possède une belle statue en bois doré de la vierge à l’enfant du XVIIIe utilisée lors des processions traditionnelles.
La procession du 8 septembre, commémore les vœux de la population contre les troubles de 1384 et les épidémies de choléra de 1849 et 1854.
HISTOIRE
St Benoît d’Aniane (751-821)
C’est en 751, au moment ou Pépin le Bref devenait roi des francs que naquit Witiza, fils du Comte de Mauguio, dont les domaines s’étendaient notamment sur Maguelone, siège de l’évêché, Substantion (Castelnau le Lez) et Melgueil (Maugio), autour de la future commune de Montpellier (985).
Après avoir vécu à la cour de Charlemagne, en 771 Witiza devint soldat. Ayant sauvé son frère d’un cours d’eau nommé Anio en Italie, le soldat, après avoir invoqué le secours du ciel, jura de se consacrer au service de Dieu.
En 774, il revêtit l’habit de moine à Saint-Seine-les-Dijons et prit le nom de Benoît. Vers 779 avec quelques disciples, il revint dans son pays natal et fonda une abbaye dédiée au Christ St Sauveur en réformant la vie monastique selon la règle de Saint Benoît de Nursie.
De nombreux paysans, maçons, artisans construisirent leur maison autour du monastère, ainsi naquit la cité d’Aniane.
Le rayonnement de l’ordre bénédictin permet à Aniane depuis plus de douze siècles, d’être réputée au sein de la chrétienté d’Europe Occidentale.
Ce qui a marqué Aniane
La viticulture :
La mono-culture est apparue durant la deuxième moitié du XIXe. Aujourd’hui, Aniane possède des crus de grande qualité dont la dégustation est incontournable.
L’oléiculture :
De nombreux moulins à huile ainsi qu’une coopérative ont existé à Aniane. Dans certaines maisons particulières, on trouve encore les cuves à huile utilisées pour la conservation. Culture de tradition antique très présente jusqu’en 1956, année de grand gel, et se redéveloppe progressivement depuis quelques années.
Le travail du cuir :
S’exerce du XVIIIe jusque début XXe , on a compté jusqu’à 65 établissements spécialisés dans la tannerie au XIXe siècle.
Le canal de Gignac :
Utile à la vie quotidienne de la cité autant qu’à l’agriculture (lutte contre le phylloxéra par inondations des vignes), et aux tanneries, il fut mis en service en 1897.
La colonie pénitentiaire : installée à partir de 1845 dans le monastère de St Benoît, cet établissement porta différents noms : colonie agricole et industrielle - pénitentiaire, Centre d’Education Surveillée,...l’ISES. Géré par le Ministère de la Justice, des adultes, des adolescents ou de jeunes orphelins ont été retenus dans ces lieux.
Les Innocents et le roi
Un édit royal de 1533, renouvelé ensuite par les souverains successifs, institue la foire d’Aniane le 28 décembre, jour des saints Innocents.
Les Innocents et la légende
Un vol s’était produit entre Aniane et Gignac. De jeunes gens d’Aniane furent accusés et obligés de comparaître devant le tribunal de Lodève. Ils furent jugés non coupables, effectivement, ils n’avaient rien à se reprocher.
Alors quel fut leur plaisir de clamer leur innocence en passant dans chaque village depuis Lodève. Et par dessus les charrettes, ils criaient « nous sommes d’Aniane, nous sommes Innocents » voilà pourquoi, on appelle les anianais « les innocents ».