Un paysage original
Sur les bords du lac du Salagou, le spectacle des couleurs est saisissant. Les eaux du lac contrastent avec le rouge des roches d’aspect semi-désertique.
Il s’agit des ruffes, épais dépôts sédimentaires accumulés il y a environ 265 millions d’années, pouvant atteindre jusqu’à 3 km d’épaisseur. Leur couleur est due à la présence d’oxydes de fer.
La présence de nombreuses fentes de dessèchement, de ripple-marks (ondulations gravées par l’eau) et de nombreuses empreintes de « reptiles » (cf. La Lieude) permettent d’imaginer un paysage marécageux où alternaient constamment périodes sèches et périodes humides.
Entre 1.9 et 1.4 millions d’années, des montées de lave ont envahi la ruffe par les fissures pour se répandre dans des vallées. Depuis, l’érosion a creusé la ruffe tendre tout autour et les coulées plus résistantes se retrouvent en hauteur .
Le basalte se situe donc aujourd’hui en altitude, ce qui n’est pas conforme au déroulement géologique : il y a inversion du relief.
L’adaptation humaine aux contraintes de terrain
La nature des sols est restée pendant longtemps une contrainte qui a déterminé les modes d’exploitation et par là-même l’occupation humaine. La présence de ruffes rendait difficile les cultures sur ces sols argileux et imperméables.
La mise en place de l’habitat à Octon révèle cette adaptation aux contraintes naturelles. Le village était dans un premier temps formé de petits hameaux situés sur des mamelons de ruffe. Les terres utilisables pour l’agriculture étaient ainsi préservées. L’extension progressive du bâti a donné la morphologie du village actuel.
Dans la vallée, la succession d’épisodes de creusement et de remblaiement après la venue des basaltes a crée des terrasses faites de galets transportés par le cours d’eau (ou alluvions).
Ces zones plus fertiles ont permis notamment l’installation de la vigne. Mais le problème récurrent du manque d’eau freinait les activités agricoles.
L’aménagement du lac artificiel en 1968 se voulait une réponse pour fournir les apports d’eau nécessaires à une diversification des cultures. Si celle-ci resta limitée, l’irrigation favorisa le développement de la viticulture. Aujourd’hui, le lac du Salagou est un pôle touristique important, lié à de nombreuses activités de loisirs.
Sur les coteaux, les habitants du village avaient aménagé autrefois des terrasses où céréales, légumes secs, pommes de terre étaient cultivés. Mais elles seront abandonnées et peu à peu reconquises par la végétation naturelle.
Le château de Lauzières
Ces imposantes ruines rappellent que le pouvoir féodal était en ces lieux détenu par la puissante famille des Lauzières, qui asseyait sa domination sur la plaine du Salagou. Lauzières vient du mot Yeuses signifiant "terre plantée de chênes verts ». Elle donna son nom et ses armes à l’une des plus anciennes maisons du Languedoc.
Au XIIIe s. , il faut s’imaginer un château fort doté d’une enceinte fortifiée, d’un chemin de ronde… que les modifications ultérieures ont fait disparaître. A la fin du XVe s., le contexte politique étant plus paisible, les lourdes fortifications n’ont plus d’utilité. Les seigneurs de Lauzières transforment leur château pour le rendre plus habitable.
C’est à cette époque qu’apparaissent les fenêtres à croisée de meneaux sur la façade sud. Au même moment, les seigneurs occupent des fonctions de plus en plus prestigieuses et se désintéressent progressivement de leur modeste château à Octon, jusqu’à le vendre en 1650. Une gravure de la fin du XVIIIe s. le représente encore en bon état. Son abandon a été précipité par le morcellement des propriétés suite à la Révolution française.
Elevé sur un petit promontoire, à même la ruffe, le château est bâti avec les matériaux du pays : le grès jaune pour les chaînages d’angle et les encadrements de portes et de fenêtres, le basalte noir pour les murs. La tour abrite l’abside carrée d’une chapelle (XIIe s.). A la base du mur, la construction en « arêtes de poisson » indique une fondation plus ancienne.
Derrière la chapelle, la grande tour carrée abritait un escalier à vis aujourd’hui disparu, qui desservait l’habitation seigneuriale. En contournant le château par la droite, on accède à une plate-forme faisant face à l’entrée. Cet espace était certainement emmuraillé et son accès protégé par une porte fortifiée. Au dessous de la plate-forme, on peut apercevoir les ruines du village blotti au pied de la forteresse. Il fut occupé jusqu’à la fin du XIXe s. et conserve encore de belles élévations de la fin du Moyen âge et de l’époque moderne.
Les Terasses
La terrasse cultivée est le schéma le plus abouti de la nature façonnée par l’homme. Celle ci répond avant tout au besoin de la production agricole. Quand plaines et plateaux sont déjà utilisés, l’homme se tourne vers les flancs pentus des collines et y édifie de longs murets pour y retenir la terre et ainsi éviter le ruissellement et l’érosion.
Quelques gros châtaigniers sont encore visibles dans le sous-bois, témoins d’une exploitation passée. Cet arbre fructifie de la plaine jusqu’à 800 m d’altitude et occupe les pentes rocheuses peu propices aux autres cultures. Ses fruits, séchés ou moulus, étaient utilisés pour la consommation humaine au animale ; son bois peu putrescible entrait dans l’édification des charpentes ou la fabrication de piquets de vignes et de clôtures.
Aujourd’hui, l’exploitation de ces terrasses est abandonnée, ce qui permet à la végétation de reconquérir le terrain.
Volcanisme
Du Lodévois au Cap d’Agde, une véritable chaine de volcans a traversé la région.
Les volcans de l’Hérault avaient une activité comparable à celle du Stromboli en Sicile. Des coulées de lave s’étendent autour du cône volcanique tandis que le dégazage du magma provoque de petites explosions : la lave projetée en l’air se refroidit en bombes, aussi appelées « miches de pain » en raison de la forme qu’elles ont prises en s’écrasant au sol. Quelques-unes sont encore observables.
Dans le bassin de Lodève, l’érosion a fait presque disparaître les cônes volcaniques mais permet de dévoiler en revanche, la formation d’orgues basaltiques, également présentes en ces lieux. Lorsque la lave en fusion finit par se refroidir, le basalte diminue de volume et ceci se traduit par la formation de fissures de rétraction. Ainsi se cristallisent ces orgues de pierre basaltique.
L’érosion active de la région permet donc d’observer cette lave refroidie et dégagée alors que les coulées coiffent maintenant les plateaux.
Les plateaux
Un type nouveau de paysage nous est dévoilé sur le plateau. Les sols basaltiques, conséquence de l’inversion géologique, créent une nouvelle donne. La terre est ici plus profonde, plus fertile que dans la vallée et rend possible la culture des céréales.
Au loin, face à nous, des affleurements de roche calcaire, blanche et dure, sont visibles. Les plateaux sont nus et pierreux. Là, comme sur tous les causses, la seule activité possible est l’ élevage.
La chapelle Notre-Dame de Roubignac
Cette chapelle relève d’un passé lointain. Le premier sanctuaire a du être bâti sous la domination wisigothique (572-720 ?). C’est St Fulcran évêque de Lodève qui assure sa reconstruction au Xe s. Le bâtiment que l’on observe aujourd’hui est celui du XIIe s., il est entièrement vouté. Au XIXe s., elle sera restaurée et rendue au culte de Marie, célébré le 8 septembre. Elle est classée Monument Historique en 1954.
La porte sud est surmontée d’un remarquable tympan sculpté présentant 1 orant de chaque coté d’une croix pattée. Les voussures au nombre de six retombent sur des chapiteaux ornementés ou historiés. Le clocher rectangulaire, à 4 ouvertures, a été rehaussé au XVIIe s. et renforcé par un gros contrefort… Suite à cette transformation, les gargouilles sont devenues décoratives. Un prieuré datant du XIXe s. y était adossé et désormais en ruines, est inaccessible.
Evolution des paysages
La végétation méditerranéenne, caractérisée notamment par le chêne vert, est présente sur les collines environnantes.
A l’heure où l’on parle de déforestation excessive, il faut savoir que nos collines méditerranéennes n’ont jamais compté autant d’arbres qu’aujourd’hui ! dès le début du XXe s., la chute de l’exploitation du bois, que ce soit pour le charbon, le chauffage ou la construction, favorise l’installation des arbres, notamment du chêne vert. Très résistant, cet arbre typiquement méditerranéen s’accommode volontiers des sols secs et pierreux délaissés par l’homme.
Par ailleurs, sur le plateau, l’abandon de l’activité agropastorale permet à son tour la colonisation de petits arbustes épineux, favorisant à terme l’installation de la forêt. Les paysages d’aujourd’hui ne sont donc pas ceux d’hier ni de demain : ils sont sans cesse en évolution et dépendent des facteurs dynamiques que sont la roche, le sol, le climat… et les activités humaines.
Les capitelles
Cabanes en pierres sèches disséminées autour de la méditerranée, les « capitelles » sont des constructions aux formes architecturales changeant d’une région à l’autre.
Inspirées d’un mode de construction très ancien, issu des âges préhistoriques, les capitelles se multiplient parallèlement aux défrichements aux XVIIIe et XIXe s.
Leur rôle est avant tout agricole : abri temporaire pour les bergers, lieu de rangement des outils, ou encore entrepôt pour les récoltes d’olives et de raisins.
Ces « nichettes » font appel à un matériau exclusivement local, ici, le basalte. A Octon, la technique utilisée est la voute encorbellée en pierre sèche, qui consiste à juxtaposer en saillie les dalles, en les inclinant légèrement vers l’extérieur. Le plan de base est essentiellement rond.
Les mégalithes de Toucou
Ce groupement mégalithique, constitué de treize dolmens répertoriés et d’un menhir, a pour principale caractéristique d’être construit en matériaux basaltiques.
Sépultures collectives de types variés élevées au IVe et IIIe millénaires avant notre ère, les dolmens sont constitués de dalles massives assemblées pour former une chambre funéraire. Celle-ci est recouverte d’un tumulus de terre et de pierraille.
La fonction du menhir, formé d’une seule pierre verticale, reste un mystère. Contrairement aux dolmens, aucun matériel archéologique (céramique, silex, os…) ne permet d’identifier son rôle.